Zealandia : des scientifiques révèlent l'existence d'un nouveau continent sur Terre

Combien y a-t-il de continents sur Terre ? Tout dépend des points de vue. Pour bon nombre, il en existe six : l’Europe, l’Asie, l’Afrique, l’Amérique, l’Océanie et l’Antarctique. Toutefois, certains s’accordent à rassembler l’Europe et l’Asie en un seul continent géologique, l’Eurasie, quand d’autres divisent l’Amérique en deux, l’Amérique du Nord et celle du Sud.

Il y en a donc entre cinq et sept, du moins c’est ce qu’on pensait jusqu’à aujourd’hui. Mais ceci pourrait bientôt changer. C’est ce que suggère une étude publiée dans la revue de la Geological Society of America. Menée par une équipe de onze chercheurs, elle révèle l’existence d’un continent géologique inconnu : Zealandia.

D’après les géologues, ce continent s’étendrait sur quelque 4,9 millions de kilomètres carrés, soit un peu plus que l’Inde, et se cacherait dans l’océan Pacifique, au niveau de la Nouvelle-Zélande et de la Nouvelle-Calédonie. D’où son nom de Zealandia. Mais si la découverte parait incroyable, elle n’est pas soudaine.

Une collection d’îles et de morceaux submergés

Le concept de Zealandia a déjà été évoqué par le passé mais il n’a pendant longtemps pas désigné un vrai continent. Il réunissait la Nouvelle-Zélande, la Nouvelle-Calédonie et toute une collection d’îles. Avec leur nouvelle étude, les géologues démontrent que toutes ces îles sont en réalité loin d’être isolées, elles sont même connectées par des morceaux de croûte submergés.

“Ce n’est pas une découverte soudaine mais une réalisation progressive. Il y a 10 ans, nous n’avions pas l’accumulation de données ou la confiance d’interprétation nécessaire pour écrire ce papier”, notent les auteurs dans leur étude. Pour en arriver là, ils ont considéré tous les critères qui permettent de définir un continent et ont cherché à savoir si cela s’appliquait pour Zealandia.

Au total, ils se sont intéressés à quatre critères : l’élévation de la terre comparé au plancher océanique, la composition en roches de la croûte, l’épaisseur et la densité de cette section de croûte ainsi que les frontières et la taille de la zone considérée. D’après leurs conclusions, Zealandia semble remplir toutes les caractéristiques nécessaires.

Suffisamment grand et unifié

“La région présente une bathymétrie élevée par rapport à la croûte océanique environnante, des roches diverses et riches en silice, ainsi qu’une structure de croûte relativement épaisse et de faible vitesse”, détaillent les scientifiques. Par ailleurs, “son isolation de l’Australie et sa grande superficie soutiennent la définition d’un continent”.

En d’autres termes, Zealandia serait bel et bien suffisamment grand et unifié pour être considéré comme un continent à part entière et non plus un ensemble de morceaux de croûte submergés et isolés. D’après les calculs, Zealandia serait séparé de l’Australie par une bande océanique de 25 kilomètres mais la grande majorité (94%) du continent serait submergée.

Le continent a également la particularité de faire partie de deux plaques tectoniques, la plaque pacifique pour sa partie sud et la plaque australienne pour sa partie nord. Tout ceci explique pourquoi son identification a pris autant de temps. “La valeur scientifique de classer Zealandia en tant que continent représente bien plus qu’un nom supplémentaire sur la liste”, affirment les géologues.

Une partie du Gondwana

“Qu’un continent puisse être autant submergé mais rester unifié en fait un élément géodynamique utile et qui fait réfléchir pour explorer la cohésion et la fragmentation de la croûte continentale”, poursuivent les auteurs de l’étude.

D’après les analyses menées sur les roches, Zealandia serait fait de la même croûte continentale qui faisait autrefois partie du supercontinent appelé Gondwana. Il aurait ainsi migré de façon similaire aux continents antarctique et australien il y a plus de 100 millions d’années avant de s’en séparer. Aujourd’hui, Zealandia formerait le continent géologique “le plus jeune, le plus fin et le plus submergé”.

Interrogé par Business Insider, Bruce Luyendyk, géophysicien de l’Université de Californie non impliqué dans l’étude, a indiqué qu’il est fort probable que la communauté scientifique accepte les résultats de cette étude réunissant “une solide collection de preuves vraiment approfondies”.

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