Vos ancêtres ont-ils possédé des esclaves ? Une base de données désormais en ligne

Une base de données répertoriant tous les propriétaires d’esclaves et les indemnités perçues lors de l’abolition a été mise en ligne vendredi 7 mai. Ce nouvel outil pourrait relancer un débat sur les réparations que l’État français pourrait accorder à ses anciennes colonies.
Cela fait partie des vérités qui peuvent être difficiles à encaisser, mais elles sont désormais disponibles en ligne. Grâce à deux ans de travail de recherche, une base de données a été publiée vendredi 7 mai répertoriant tous les propriétaires d’esclaves ayant touché des indemnités au moment de l’abolition de l’esclavage. Comme le révèlent nos confrères de 20Minutes, il est désormais possible de savoir si nos ancêtres ont possédé des esclaves.

La base de données se présente comme suit : il s’agit d’un moteur de recherche où les internautes peuvent trier par nom, colonie ou même montant des indemnités accordées aux propriétaires au moment de la libération des esclaves. Une fois la recherche lancée, les noms de propriétaires apparaissent, ainsi que des formations biographiques sur ces derniers. L’historique des indemnités perçues – en 1825 et 1849, les deux dates où les propriétaires d’esclaves ont été indemnisés – est également disponible dans la base de données.

Les esclaves pour “solder les dettes”

À la tête de ce long travail de recherches historiques se trouve la doctorante Jessica Balguy. Ses trouvailles ont révélé que les titres d’indemnités touchées par les propriétaires d’esclaves se sont même transformés en véritable « monnaie d’échange », comme l’a noté l’historienne auprès de nos confrères. Ainsi, certains noms apparaissant dans sa base de données n’étaient pas nécessairement propriétaires d’esclaves à proprement parler, mais simplement détenteurs de titres d’indemnisation. Des créanciers, en somme. “Avant même que la commission chargée des indemnités ait déterminé le prix d’un esclave, certaines personnes se sont fait payer en indemnités”, précise Jessica Balguy. Endettés, certains propriétaires se sont servis de leurs esclaves pour “solder leurs dettes”, explique-t-elle.

Ce nouvel outil, mis en ligne à trois jours de la journée nationale des mémoires de l’esclavage, pourrait relancer un débat houleux : celui des réparations. En effet, puisque l’État français n’a pas dédommagé les esclaves mais leurs propriétaires, ceux-ci ont connu un manque à gagner important au moment où ils ont recouvré la liberté. Dans une interview accordée à L’Obs le 14 avril, l’économiste Thomas Piketty, avait plaidé pour des réparations financières au bénéfice des anciennes colonies françaises. Deux ans après la sortie de son ouvrage Capital et idéologie, il estime que la France devrait notamment “rembourser 30 milliards d’euros à Haïti” pour le préjudice causé par l’esclavagisme.

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