Blindés et engins explosifs improvisés, dans le Sahel les groupes armés changent de stratégie.
Dans le Sahel, les djihadistes changent de stratégie et utilisent désormais des voitures blindés et de plus en plus d’engins explosifs improvisés lors de leurs attaques.
Au Mali, le déploiement de soldats suédois au sein de la force européenne Takuba qui appuie l’armée malienne a commencé. La force suédoise qui arrive avec du matériel, notamment trois hélicoptères, sera basée dans le Liptako une région proche de la frontière du Niger et du Burkina Faso où sont
Capacité d’adaptation et d’innovation
L’attaque qui a visé le poste de Boni, entre Douentza et Hombori, dans la région de Mopti a été attribuée au Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, une alliance djihadiste affiliée à Al-Qaïda.
S’il s’agit de l’attaque la plus meurtrière en 2021 contre les forces maliennes. L’autre particularité de cet assaut est le fait que les assaillants possédaient un véhicule blindé.
Boubacar Saliff Taoré est spécialiste des questions de sécurité et de développement dans le Sahel, selon lui “l’utilisation de ce nouveau type de matériel à savoir les blindés est une illustration de la capacité d’adaptation mais aussi d’innovation de ces groupes armés. Depuis le début de la crise il y a quelque chose à déplorer, c’est que ces groupes ont récupéré beaucoup de matériel de l’armée malienne. Il a aussi été dit qu’entre 2016 et 2017, la Minusma aurait perdu certains de ses blindés. Ce ne sont donc pas de simples paysans qui mènent ces types d’attaques. Parmi ces personnes il y a des ingénieurs, il y a des personnes très qualifiées pour pouvoir coordonner ce type d’opération.”
Boubacar Salif Traoré rappelle par ailleurs qu’il y a des échanges d’expérience et de capacité qui viennent renforcer les groupes locaux au Mali, au Niger et au Burkina Faso.
Les engins explosifs improvisés à la mode
Des groupes qui ont de plus en plus recours également à des engins explosifs improvisés. Selon le journaliste et écrivain spécialiste des questions sécuritaires, Seidik Abba, c’est une question de changement de stratégie.
“Les pays ont décidé de ne plus avoir des postes avancés mais d’avoir des patrouilles mixtes avec des moyens plus robustes et la possibilité de faire appel à l’appui aérien de Barkhane. Dans le cadre de ce changement de rapport de force, ce qui peut faire le plus mal ce sont ces engins explosifs improvisés… ces engins peuvent être posés n’importe où, il n’y a personne à côté. Cela permet aussi d’éviter le combat face à face. Il y a aussi de plus en plus de leur part la maitrise de la fabrication de ces engins. On a pu retrouver, ce qui est tout à fait nouveau, l’usage de ces engins improvisés dans le bassin du lac Tchad.”
L’usage de ces engins explosifs improvisés qui font de plus en plus de victimes est source d’inquiétude, ceci alors qu’un sommet doit réunir prochainement les pays du G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad) pour faire le point sur la situation sécuritaire dans la région.